J’ai avalé mon histoire comme j’ai mangé la tienne, Poète, Sculpteur ou Peintre d’éternité au présent… Quel repas, dis-tu, avons-nous partagé ? À quand, et avec qui , le prochain ? On verra... On lira ... | Marie-Thérèse PEYRIN - Janvier 2015
Tri électif | Images qui comptent| Quartiers où l'on vit
Entre le SILENCE et le HAÏKU la MUSIQUE & SON CRI t'emportent loin...

Tremplin du Cri, Claus TINTO à l'écoute...

 

20120621_184155
M T Peyrin 2012 | Graffitis Urbains

 

 

Pour Claus TINTO

 

 

Il y avait alors, dans toute réalité offerte

aux sens, quelque chose de nocturne.

L’ombre paraissait plus présente que le jour.

C’était elle qui faisait signe. Les mots s’y

cherchaient,  je crois, avant de se trouver.

 

Claude Louis-Combet , Ouverture du Cri ,

Cadex  Editions,1992, p.9

 

 

                Comment se rapprocher de la cabane en  bois, en mousse et laine de pierre où deux jeunes hommes ont rouvert  violemment le cri universel,   cherchant peut-être  à réveiller  tant soit peu, les sourds de famille, les sourds du  pouvoir… J’écris sourds de famille comme on dit sourds de naissance. Une difficulté récurrente d’échange humain d’égal à égal, dans l’entre-siens primordial, un abandon trop précoce de patience et de bienveillance, aux temps fragiles de construction des êtres, une lutte aveugle, avec risque vital contre le sens commun et l’indulgence réciproque. Une atavique interdiction de dire les vérités qui sont pourtant le ferment et l’antidote de tous les lâchages perpétrés par la mise monde  elle aussi universelle. J’éprouve une immense empathie à l’égard de ces deux là, parmi tous, enfants du siècle, « tombés de haut », sans  armure ni casque intégral contre les mots qui entre-tuent, qui marquent et manquent aussi, cruellement… Comment dire ? Comment ne pas dire ?...

Ne reste parfois, au final ou avant tout recommencement ..., seulement la révolte, l'action jusqu’au-boutiste ultra- incarnée, la sacralisation ultime passant par la sublimation hors-piste d’une explosion débondée de la douleur. Recherche amplifiée dans la déflagration  annoncée et assumée  de la raison ordinaire. La poésie et la musique aux accents outrés, déjantés ont été ici confinées pour pouvoir être confiées  à l’écoute attentive – un  défi subtil que j’encourage  et c’est moindre remerciement pour la leçon de courage et de confiance donnée.  Comment ai-je pu pénétrer sans crainte dans ces quelques mètres cubes où deux frères s’entraînent à  apprivoiser le cri intégral avec des instruments qu’ils qualifient de sataniques ? Je l’ignore, cela m’étonne encore, mais j’ai agi d’instinct, en rencontrant Lucas OTTIE  le 16 Mars dernier au Tremplin Poétique du  Printemps,  persuadée que la noirceur affichée, recouvre ici et de fait, une lumière trop aveuglante pour la plupart des adultes amnésiques  de leurs peurs les plus profondes.

Comment Faire Tremplin à l’insupporté, comment trouver Tendresse sous le Cri ?

 La traversée de la nuit dont a tant parlé Charles JULIET  dans ses écrits, se décline avec plus ou moins de drame et d’intensité dans toutes les générations successives où  l’absence et la défection du  lien verbal solidaire n’est pas le moindre écueil. Lorsqu’ il s’agit  de dépasser les seuils de survie morale et physique, les rites sociaux de passage aujourd’hui confus, la jeunesse qui crie, qui refuse de  réfréner sa profonde déception sur la gouvernance  actuelle du destin  collectif de la planète, est une jeunesse  vivante qui n’accepte pas les règles du jeu et les idées reçues sur le « moyen de s’en sortir ».  Loin de l’exaltation, la jeunesse d’ici se noie dans le non sens, saturée  par la matérialité redondante  et inaccessible,  fourvoyée dans  les impasses de l’intégration sociale aux règles sauvages et élitistes. Tous orphelins au milieu des décombres de la guerre des nerfs se rêvant rescapés...

Le jeune homme qui  a mis au monde ce cri né de fratrie, est devenu, il n’y a pas de hasard…« assistant funéraire »… « croque-mort » pour gagner sa propre vie.  Son personnage public Claus TINTO, écrit pour comprendre pourquoi il écrit et joue de la musique de cette façon apparemment brutale. Il aura besoin de temps pour élaguer ses mots au milieu du vacarme ambiant et dégager sa voix singulière de la gangue des possibles.

Il offre son poème KIMAMILA  au cœur d’une authenticité qui ne trompe pas et que j'aime.  C’est à prendre ou à laisser. Une leçon de courage, au profit de ceux et celles qui ont pu expérimenter que  la transe verbale et sonore lavent le corps entier de ses miasmes anciens et que c’est nettement moins dangereux  pour soi et pour autrui.  Le prix à payer du dépit et du répit  reste donc abordable humainement. Avec ce morceau de poésie sonore maintenant abouti, le lecteur ou la lectrice de passage pourra raccorder  deux versions d’un même poème et choisir celle qui l’aidera le mieux à faire connaissance avec une écriture en devenir .

C’est Cadeau-Couleur-Cri!

 

 

Avant d’être une métaphore, la nuit

fut une sensation. Celui qui écrit s’en souvient

encore dans la confusion intime de ses

tissus charnels. Celui qui use de nuit pour

essayer de dire le fond de son expérience et

 la suprême  qualité de son amour – celui là

n’a pas oublié le saisissement qui s’emparait

de son  être, aux détours d’enfance,

lorsque le jour déclinait et que l’ombre

s’effusait de  toute part. C’était un autre monde

qui advenait – et peut-être bien le seul véritable,

le fondement et comme l’origine…

 

Claude Louis-Combet, Ouverture du Cri,

Cadex  Editions,1992, p.13

 

 MT Peyrin 20 Mai 2013 | 15h


 

Pour écouter la version KIMAMILA  du Tremplin  MARS 2013, avec l'accompagnement improvisé des élèves du Conservatoire de Musique , cliquer ci-dessous : 

Téléchargement LECTURE de KIMAMILA CLAUS TINTO

 


Pour écouter la dernière version électro-acoustique KIMAMILA

 MAI 2013, cliquer  ci-DESSOUS

Kimamila (1)

 

Qui a mis ça
Ici et ça là ?
Qui a mis ça ?

Qui m'a mis là ?
Si moi il y a.
Qui m'a mis là ?

Qui a mis là
Le lit, les lilas ?
Qui a mis là ?

Quel ami me lit ça ?
Quelle lie mon âme avala ?
Quel homme las !

Quelle maladie m'a mis là ?
Quel mal a dit "Aimes-la" ?
Che bella !

Quel amas d'amis m'a mis là me mêlant à mille âmes assimilant des lois ?
Qui m'a mis là ?
Qui m'a mis la ?

----------------------------------------

Qui a dit quoi ?
Qui voit comme moi ?
Qui a pris quoi ?

Tu ne vois pas
Les mêmes choses que moi.
Tu ne dois pas.

Ma mie, lis moi
La même page trois fois,
Et lis-la moi là.
Lis-la moi là.
Lis-la moi là.

Quel ami me dit ça ?
Quelle femme a dit je n'l'ai pas ?
Quel homme l'a ?

Quelle maladie, dis-le moi !
Combien te reste t-il de mois ?
Qui l'a mis là ?

Quel mâle a mis en dedans de toi l'oedème démoniaque qui l'appellera Papa ?
Est-ce que c'est moi ?
Est-ce que c'est moi ?

 

C.T| L.O

 

Pour accompagner cette note une vidéo INA  Otis REDDING  cliquer  ICI

Sur scène à Londres, 16 avril 1967 en public au Marquee club, accompagné par les Booker T. and the MGs . Otis REDDING chante "Satisfaction" et "Try a little tenderness".

Commentaires

Flux Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.

L'utilisation des commentaires est désactivée pour cette note.